dimanche 19 juillet 2015

L'ennui des anges

Dix ans de Karaté. Il avait fait dix ans de Karaté pour être obligé à en arriver là : soit se défendre. A la base, Alexandre Vukov détestait la violence. C’était pour lui l’apanage de ceux qui, ne pouvant plus s’exprimer avec des mots, avaient comme seul recours les poings. Et il en était arrivé là. Non parce qu’il ne savait pas s’exprimer, mais par amitié. Par amitié pour Pierre Stepanov ; son compagnon de toujours, son ami d’enfance. Sauf qu’à la différence de celui-ci, il ne faisait que fumer des cigarettes, et non « chasser le dragon ».
Et c’était justement à cause des petits plaisirs artificiels de Pierre qu’Alexandre s’était retrouvé avec les mains ensanglantées. Non de son sang, mais de celui des dealers que Pierre avait accosté. Malheureusement, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans un tel pétrin. C’était même devenu chose quotidienne.

En tabassant les dealers tout en leur prenant drogues et argent, on avait même fini par miser leurs têtes. Malgré le fait qu’ils étaient armés, les dealers n’avaient jamais le temps de prendre leur arme dû à la rapidité extraordinaire de Vukov. A peine prenaient ils leur arme qu’un coup de poing d’une violence faramineuse les mettait K.O. On avait même fini par les surnommer « les diables de la nuit ». En effet : comment faisaient-ils pour attaquer le milieu : aussi bien russe, chinois, qu’Italien sans aucune arme. Cela effrayait encore  plus ces hommes car ils se demandaient ce que ce serait s’ils avaient été armés.
Alexandre continuait à s’acharner sur un italien jusqu’à ce que Pierre le prenne par dessus les aisselles pour le faire reculer : « arrête, il faut pas qu’on en tue, sinon, la police s’en mêlera ».

Vukov avait du mal à calmer sa respiration. Tous les clients du bar étaient partis en courant ; même le gérant. La lampe du dessus se balançait dans tous les sens ; faisant jouer l’ombre et la lumière.

Alexandre s’assit vers le rebord du bar et regarda par terre les cinq mafieux allongés, inconscients.

« Pour ta peine, sers moi un black Johnny Walker »
-Oui chef ! »
Pierre chercha parmi les bouteilles la susdite bouteille en question et trouva les verres. En se retournant, il vit qu’Alexandre n’en avait pas vraiment besoin.
« Prends un verre putain, ça ressemble à quoi ?
-Quoi ?! T’as peur que ça soit pas hygiénique pour la clientèle ? Et puis, je te signale que vu la vie qu’on mène, les endroits raffinés, c’est plus trop approprié »

Alexandre avait raison, pierre le savait tristement bien. A continuer dans cette voie, ils n’allaient pas faire de vieux os. Ils avait raté tous les deux le coche du rêve américain. Mais qu’est-ce qui les avait fait tomber ? Comment en étaient-ils arrivés là ?

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